Documents e-mail d’origine découverts insérés, pliés, à l’intérieur de l’exemplaire de la troisième édition détenu par la British Library, Cendres : l’Histoire oubliée de la Bourgogne (2001) – peut-être dans l’ordre chronologique de révision du tapuscrit d’origine.

Message n° 381

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 07 : 47

De : Ngrant@

Formatage d’adresse effacé. Autres détails chiffrés par un code personnel inconnu.

Anna –

Ça me change tellement d’écrire en anglais ! Je vais attacher un fichier dans une seconde avec la partie suivante du manus de Sible Hedingham que j’ai traduite.

Demain, je me mets en congé de traduction. Rectification : ce matin.

J’ai finalement comparé les deux rapports de métallurgie sur le « golem messager » découvert sur le site terrestre. Un des élèves d’Isobel m’a donné un coup de main pendant le petit déjeuner. Bon, il est vaguement possible que ce soient des rapports sur deux vestiges archéologiques ^différents* qu’on aurait mélangés au labo. Si ce sont des rapports sur les mêmes spécimens de bronze coulé, alors ils se contredisent sur pratiquement tous les résultats, du contenu végétal du matériau jusqu’aux radiations ambiantes impliquées.

Soit le département s’est trompé dans l’une ou l’autre des analyses – ce qui, je vous l’accorde, serait la conclusion de toute personne rationnelle et saine d’esprit – ou ces rapports retracent *une évolution au sein de l’artefact lui-même* qui aurait pu se produire entre le premier rapport en novembre et le deuxième, deux semaines plus tard.

Comment un objet peut-il paraître « neuf » (postérieur à 1945) en novembre, et « vieux » (de quatre à cinq siècles) en décembre ?

Anna, s’il y a un processus à l’œuvre ici, de n’importe quelle nature, peu importe si je me trompe sur des détails ou des hypothèses… alors *à quoi allons-nous encore assister ?

J’ai persuadé Isobel de contacter son colonel ████████ pour lui quémander un hélicoptère. Elle vient tout juste de me dire qu’il avait donné son autorisation. Un Mil-8 ex-russe m’attendra sur le terrain de Tunis, juste avant l’aube, dans deux heures. Et Isobel me prête un de ses étudiants.

Le pilote de l’hélico se prépare à survoler la zone au sud de Tunis, jusqu’aux monts de l’Atlas. Nous avons un équipement vidéo.

En archéologie, les reconnaissances aériennes peuvent être cruciales. En lumière rasante, les plus petites irrégularités du sol projettent des ombres, et les formes, le « plan du terrain » de zones habitées depuis longtemps abandonnées peuvent apparaître de façon évidente.

Bien qu’une brève reconnaissance précédente de la zone qui m’intéresse n’ait rien révélé de précis, je crois que ce pourrait être différent pour nous. Ne serait-ce que parce qu’Isobel et moi, en travaillant à partir du manuscrit « Fraxinus », avons une idée de l’endroit où nous devrions chercher ?

S’il reste le moindre vestige – s’il y a *actuellement* le moindre vestige – qui appartienne aux structures pyramidales que le « Fraxinus » appelle les « Machines sauvages », alors je veux qu’on répertorie ces éléments.

Soit par accident, soit par volonté délibérée, nous sommes devenus ce que nous sommes. Mais puisque l’histoire ne contient aucun « Empire wisigoth », dans le sens où ces textes le décrivent, que ce soit durant la période médiévale ou à n’importe quelle autre époque, alors j’en arrive à la conclusion que… en fait, quelle conclusion ? Que les *deux* camps dans ce conflit ont été changés ; éradiqués ? Et que notre histoire postfracture contient quelques vestiges, une version palimpseste, de ce qui existait avant ?

Et pourtant, pourtant. Le manus de Sible Hedingham aurait pu demeurer ignoré, dans le château d’Hedingham comme vous l’a suggéré William Davies. Le golem messager pourrait être un objet encore non découvert, mis au jour. Mais qu’est-ce que je suis supposé penser du site au fond de la mer, où même les relevés de profondeur et les données géologiques contredisent les cartes de l’Amirauté et les rapports satellites ?

Si nous avons découvert Carthage, que pouvons-nous encore mettre au jour, dans les étendues stériles du sud ?

Je vous contacterai tout de suite après le vol en hélicoptère.

— Pierce

Message n° 211

(Pierce Ratcliff)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 08 : 58

De : Longman@

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Pierce –

Vous prenez tous cette histoire au sérieux.

Laissez-moi parler au Pr Isobel.

— Anna

Message n° 216

(Pierce Ratcliff)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 09 : 50

De : Longman@

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Pierce –

Désolée : l’impatience. Que s’est-il passé durant le vol ? Êtes-vous de retour ?

Je viens d’avoir un mot de Jonathan : bien qu’ils ignorent toute l’étendue de vos découvertes, la compagnie de films indépendants veut commencer à travailler avec vous, dès que possible – avant les vacances de Noël, si possible. Qu’en dira le Pr Isobel ?

EST-CE QUE VOUS AVEZ TROUVÉ QUELQUE CHOSE DANS LE DÉSERT ?

— Anna

Message n° 383

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 10 : 20

De : Ngrant@

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Ms Longman –

J’espère que vous ne m’en voudrez pas d’ajouter quelque chose à ce stade.

Je considère qu’il serait peu avisé que des équipes de tournage extérieures viennent travailler ici, pour le moment. Peut-être après Noël et le nouvel an ? Je maintiens toutefois à jour toutes les archives vidéo de l’expédition.

Je vous en prie, appelez-moi donc Isobel.

— I. Napier-Grant

Message n° 218

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 10 : 32

de Longman@

Formatage d’adresse effacé. Autres détails chiffrés par un code personnel inconnu.

Chère Isobel –

Pierce vous a-t-il dit que le compilateur de la deuxième édition de CENDRES, Vaughan Davies, avait réapparu après avoir disparu et passé pour mort pendant presque soixante ans ?

Pouvez-vous me confirmer ce que m’a dit Pierce sur le statut de votre site archéologique au fond de la mer, au large de la côte tunisienne ?

Est-ce que cela a le moindre rapport avec votre réticence à laisser venir des équipes de tournage extérieures ?

Ou Pierce souffre-t-il d’un grand stress ?

— Anna

Message n° 385

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 11 : 03

De : Ngrant@

Formatage d’adresse effacé. Autres détails chiffrés par un code personnel inconnu

Anna –

Après un coup d’œil rapide aux dossiers, je n’ai pas de désaccord substantiel avec tout ce que vous a écrit Pierce.

Voici qui répondra peut-être à votre dernière question.

Quant à moi… je suis abasourdie. Pierce ne vous a-t-il pas dit en plaisantant qu’il vous enverrait un jour la théorie Ratcliff-Napier-Grant des miracles scientifiques ? Le sujet actuel des spéculations de Tami Inoshishi et de Jamie Howlett n’en est peut-être pas tellement éloigné.

Si mes collègues de physique théorique ont raison, c’est la conscience profonde, à un niveau de l’esprit de l’espèce, qui en un sens *crée* l’univers. Imaginez un processus constant par lequel le front de vague du Possible (le chaos aléatoire et désordonné) s’effondre, à chaque instant, passant de tous les états dans lesquels il *pourrait* exister à celui dans lequel il existe *vraiment*. En bref, un processus par lequel le Possible devient constamment le Réel. C’est le temps ; c’est ainsi que nous appréhendons l’univers. Et, comme l’affirme Tami avec une sidérante confiance en elle, c’est sa *perception* par la conscience collective d’une espèce (perception active, et non passive), qui réduit ce front de vague à un présent stable, en cet instant que nous appelons *le présent* en en faisant l’expérience.

Et avec les manuscrits de Pierce à l’esprit, j’ai mentionné en plaisantant à Tami et James ce matin que cette capacité à faire s’effondrer le front de vague devait être une aptitude génétique. Tami a répondu sérieusement qu’il ne serait même pas difficile de voir comment cela pouvait apparaître. Ce serait une des plus grandes avancées évolutionnaires possibles : avoir un univers stable, dans lequel l’effet découle de la cause, dans lequel ce que vous avez fait la veille a de bonnes chances de rester valable aujourd’hui.

Pas une capacité consciente, m’a-t-elle dit. Cela se situerait au niveau subatomique ; sur un plan aussi instinctif que la photosynthèse chez une plante, ou le battement du cœur chez l’être humain.

J’aimerais que Pierce soit à bord, mais je vais devoir attendre le retour de l’hélicoptère pour lui poser la question. Je me demande si l’on peut imaginer que la réalité, avant que l’espèce humaine n’accède à l’intelligence, était plus flexible, moins capable de se confiner à une seule possibilité parmi le nombre infini d’états dans lesquels l’univers peut exister. J’aimerais lui demander si cela ne pourrait pas expliquer pourquoi chaque culture humaine possède une préhistoire mythique, un passé légendaire, avant les débuts de « l’Histoire » elle-même.

Voilà ce que j’en sais. Et voilà pourquoi j’éprouve des réticences à restreindre ces découvertes à un seul livre ou à un documentaire. Je songe sérieusement à ouvrir ce site à des recherches interdisciplinaires, à faire venir des spécialistes dans tous les domaines. Pour ce que j’en sais, toute la vie possède une capacité limitée à faire s’effondrer les possibilités aléatoires en une réalité prévisible. Les plantes, les dauphins, les oiseaux, chacun essaie d’affecter favorablement son environnement. La forme la plus basique de tout cela doit être de percevoir les « éléments de base » subatomique de la réalité, dans « l’instant présent », comme n’étant ni instables, ni aléatoires, mais ordonnés, arrangés, séquencés.

Je suis archéologue, pas physicienne. Et je reste bouche bée en regardant et en écoutant Tami et James. Avant de partir, ce matin, Pierce m’a dit qu’ils donnent vraiment l’impression d’une théorie Ratcliff-Napier-Grant du miracle scientifique. Il suffirait simplement de dire qu’il existe une aptitude génétique à effondrer *consciemment* les états possibles de l’univers en Réel : est-ce que ce ne serait pas un miracle ? Postulez qu’une telle aptitude implique suffisamment de défauts génétiques pour survivre rarement à la conception et à la naissance. Et ensuite, quand je regarde les traductions de Pierce, je me retrouve en train de me dire : voilà le Rabbin, voilà Ildico, voilà la Faris et (faut-il supposer) le prophète wisigoth Gondebaud qui n’est pas identifié dans notre histoire parce que ce n’est pas celle dans laquelle il a existé.

J’ai passé le plus clair de ma vie adulte à avoir conscience du peu d’éléments concrets qui existent de notre passé, et de la prudence que l’on doit montrer en interprétant ce qui existe bel et bien et qu’on peut découvrir. Si vous n’étiez pas à Londres, si vous étiez ici, juste au large de l’Afrique du Nord, avec un site *impossible* à mille mètres sous vos pieds, alors vous comprendriez peut-être pourquoi je ne repousse pas ces spéculations sur une « fracture » dans l’histoire.

Je n’ai pas dit non plus que je leur accordais crédit.

Et ensuite, bien entendu, il y a les conséquences pratiques. J’avais espéré laisser passer Noël avant qu’une déclaration publique devienne nécessaire, mais je vois à présent que je vais devoir changer d’avis.

— I. Napier-Grant

Message n° 219

(Pierce Ratcliff)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 11 : 36

De : Longman@

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Isobel –

Vous avez prêté un assistant à Pierce et lui avez trouvé un hélicoptère. Vous deviez bien accorder crédit à quelque chose.

— Anna

Message n° 388

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 15 : 15

De : Ngrant@

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Pierce a envoyé un message radio. Transcription de la partie pertinente du message.

I. Napier-Grant.

>Tout est cloué au sol.

>On a eu déjà assez de mal à descendre du bateau.

>Nous sommes de retour à Tunis ; si je n’arrive pas

>à louer une Jeep ou à acheter un chameau, je suis

>prêt à MARCHER jusqu’au désert.

>La lumière rasante du couchant vaut bien celle

>de l’aube.

Message n° 390

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 18 : 15

De : Ngrant@

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Anna –

Rien.

— Pierce

Message n° 221

(Pierce Ratcliff)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 18 : 36

De : Longman@

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Pierce –

Comment ça, RIEN !

— Anna

Message n° 391

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 19 : 59

De : Ngrant@

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Anna –

Je veux dire : le quotidien, je suppose. La banalité, le réel. Rien qui vaille la peine de s’emballer. Non, il n’y a rien dans le désert au sud d’ici. Isobel a épuisé ses possibilités de me laisser utiliser du matériel militaire, à force de traîner – une fois que les restrictions de vol ont été enfin levées – dans l’espace aérien qui nous sépare des monts de l’Atlas.

Il y a peut-être quelque chose d’enfoui sous les zones résidentielles, ou sous les zones industrielles ; qui sait ? Il est certain qu’il n’y avait pas d’équipes d’archéologues sur place quand on a bâti certains de ces endroits. S’il y avait des vestiges, ils ont disparu, anéantis. Ou, plus vraisemblablement, il n’y avait rien. Les « preuves » du manuscrit se cantonnent à du symbolisme, les rapports de métallurgie sont imputables à une simple erreur humaine.

Que vous attendiez-vous à ce que je trouve, Anna ? Une pyramide lumineuse ?

Désolé.

Je dois avouer que j’avais espéré trouver QUELQUE CHOSE. Quelques bosselures sur le sol, visibles au coucher du soleil et à l’aube. Ce ne serait pas trop demander, non, de faire « revenir » une ombre sur le sol ? Juste pour nous indiquer que les Machines sauvages n’étaient pas ce qu’elles sont de toute évidence : un procédé littéraire médiéval. Une simple invention.

L’équipe d’Isobel conserve le matériel d’exploration, mais naturellement, la zone terrestre n’est pas une priorité en ce moment. Les vestiges sous-marins, la « Carthage gothique », voilà ce qui prime.

Votre contrat de livre et de film est en bonne voie, ne vous inquiétez pas.

— Pierce

Message n° 222

(Pierce Ratcliff)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 20 : 45

De : Longman@

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Pierce –

Au diable le « contrat de livre et de film ». Et vous ? Est-ce que ça va ?

Je sais que je n’ai pas fait grand-chose, mais j’ai parlé à la famille Davies, en personne. Je me suis retrouvée impliquée dans tout ça, aussi.

Je ne peux pas imaginer ce que vous et le Pr Isobel ressentez en ce moment, mais pour ma part, ce n’est pas une simple question de livre. Si je peux faire quoi que ce soit pour aider, je le ferai. Vous savez que je le pense.

— Anna

Message n° 392

(Anna Longman)

Sujet : Cendres

Date : 16/12/00 20 : 57

De : Ngrant@

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Anna –

Je sais. Merci.

Oui, je suppose que c’est difficile de voir Tami Inoshishi et James Howlett patauger jusqu’aux genoux dans les archives d’images de ce projet ; discuter à la cadence d’une mitraillette avec tous les membres de l’équipe. J’avoue que, non, personne n’a beaucoup de temps à consacrer à un simple historien, pour l’heure et, oui, je fais un peu la gueule. Je suppose que mon heure viendra, avec les informations apportées par mes traductions.

Rien de cela n’importe vraiment, je suppose, à côté de l’écrasante déception. J’étais tellement sûr que nous allions découvrir les vestiges des « Machines sauvages » ou, au grand minimum, du site où elles avaient existé. La « machina rei militaris » quand nous l’aurons dégagée pour l’examiner – et j’imagine que ça va prendre des mois, voire des années – répondra à quelques questions. Mais comme le golem d’Isobel, je crains qu’elle ne reste muette sur les moyens et la raison de ses mouvements.

E pur si muove. Et pourtant, elle tourne. Comme l’a dit Galilée en des circonstances plutôt différentes !

Plaisanteries érudites à part, je ressens beaucoup d’amertume. J’avais une telle conviction. Voyez-vous, une fois qu’on a accepté l’hypothèse de départ, rien de tout cela n’est déraisonnable » Mon premier jet de la POSTFACE le dit, et je vais vous la faire lire. Je m’étais basé sur le « Fraxinus » et la découverte du « marcheur d’argile », avant que nous trouvions le document de Sible Hedingham, si bien que je ne l’ai pas révisée…

POSTFACE à la troisième édition : Cendres : l’Histoire oubliée de la Bourgogne.

[Extrait :] (iii) THÉOLOGIE ET TECHNOLOGIE :

LES IMPLICATIONS DU « FRAXINUS ME FECIT »

… la mentalité médiévale à l’œuvre derrière le manuscrit « Fraxinus » expose sa description des diverses machines carthaginoises en termes quasi religieux, quasi mythologiques, lorsque, par exemple, il parle de « l’âme » du père Godfrey Maximillian « prise au piège dans le Golem de pierre ». Nous autres, avec le bénéfice d’un vocabulaire appartenant à l’intelligence artificielle du vingtième siècle, nous y ferions plutôt référence en parlant d’une configuration neurale de sa personnalité qui se retrouve téléchargée dans, ou imprimée sur, la machina rei militaris lors d’un moment de grand traumatisme physique et mental. On pourrait spéculer que la proximité de Cendres à l’instant de la mort de Godfrey Maximillian, elle-même un canal génétique pour la machina rei militaris, a pu avoir un lien de cause à effet encore indéterminé sur cet événement singulier.

De la même façon, les « Machines sauvages » autonomes sont décrites en termes spirituels et religieux. Toutefois, il est possible d’en faire une autre traduction, différente de celle, dramatisée, que j’ai employée dans le corps du texte, en traduisant le « Fraxinus » littéralement, mais avec un vocabulaire qui n’était pas encore disponible en 1476. Voici un extrait corrigé du « téléchargement » de Cendres à Carthage :

Les Machines sauvages ne connaissent pas leurs propres origines, elles se perdent dans leurs souvenirs primitifs. Elles soupçonnent que ce furent des humains, élevant des édifices religieux il y a dix mille ans, qui ont par accident « disposé des rochers dans l’ordre ». Qui ont construit des édifices ordonnés, [pyramidaux] composés de brigues en limon et en pierre [silicium]. Des structures [de silicium] assez vastes pour absorber, par le soleil, la force spirituelle [l’énergie électromagnétique] de la vie même. De cette structure initiale, de cet ordonnancement premier, naquit spontanément une pensée [une intelligence consciente d’elle-même]. Les premières étincelles primitives de force [électromagnétique] commençant à s’organiser [en réseaux intégrés], créant ainsi les Feræ Natura Machinæ [des intelligences « mécaniques » basées sur le silicium].

Il y a cinq mille ans, ces esprits primitifs [proto-intelligences] acquirent la conscience. Dès lors, ils commencèrent à se faire évoluer, délibérément. Les Machines sauvages manipulèrent les énergies du monde de l’esprit, [puisèrent l’énergie électromagnétique solaire] jusqu’au point où la lumière [du spectre visible] commença à être occultée dans la région immédiatement voisine. Plus elles se structuraient, s’organisaient et acquéraient de la puissance, et plus leur capacité à puiser leur énergie à la plus proche et à la plus puissante source des deux [extraire et emmagasiner cette forme d’énergie solaire] devint efficace : les ténèbres s’étendirent. Cette [côte d’Afrique du Nord] devint une terre de pierre et de crépuscule [dans l’ombre de l’énergie solaire] : d’énormes monuments et des pyramides, sous un ciel éternellement étoilé.

[Les intelligences mécaniques] connaissaient l’existence de l’humanité et des animaux ; elles captaient leurs faibles petites âmes [champs neuroélectriques]. Elles étaient incapables d’entrer en communication directe jusqu’à l’arrivée du prophète Gondebaud. Après la mort de Gondebaud, ce ne fut que lorsque la famille de Léofric eut développé le Golem de pierre [un ordinateur tactique intégré] que les Machines sauvages disposèrent d’un canal fiable par lequel elles pouvaient communiquer avec l’humanité, et pas seulement avec ses faiseurs de miracles [des esprits humains capables d’effondrer consciemment l’état quantique local]. Elles se dissimulèrent derrière la voix de [l’ordinateur tactique], glissant leurs suggestions [parmi les données], manipulant les ancêtres de Léofric pour entamer un programme de sélection génétique.

Le saint wisigoth, le prophète Gondebaud, dont les reliques [des éléments d’ADN survivants] avaient été employées dans la machina rei militaris et dont la lignée finit par donner naissance à la Faris et à Cendres, était l’une de ces très rares personnes (comme Notre Seigneur, le Christ Vert) [première histoire] qui ont le pouvoir d’accomplir des miracles [modifier individuellement la trame de base de la réalité]. Le but de l’élevage secret [la sélection génétique] n’était pas d’obtenir quelqu’un capable de converser à distance avec le Golem de pierre [effectuer à distance un téléchargement neuroélectrique ou neurochimique à partir de l’ordinateur tactique] – bien que [ce lien avec l’ordinateur soit nécessaire], puisque c’est l’unique canal entre les Machines sauvages et l’humanité. Ce que les Machines sauvages essayaient d’obtenir, c’était un nouveau faiseur de miracles [un humain capable d’affecter consciemment l’écume quantique]. Un Gondebaud qui serait sous leur contrôle et soumis à l’ordre [immense impulsion électromagnétique] qu’elles prévoyaient [d’émettre] pour déclencher leur noir miracle [une altération consciemment guidée de la trame de base de la réalité probable].

Également tiré de la POSTFACE :

[Extrait :] (vi) LA GÉNÉTIQUE ET LE MIRACULEUX : SÉLECTIONNER LE CHAT DE SCHRÔDINGER.

[Passage révisé, après la découverte du manus de Sible Hedingham :]

… dans cette histoire précédente que nous avons perdue, la capacité d’effondrer consciemment, délibérément, le front, de vague pourrait apparaître de façon spontanée. Dans cette première histoire, en dépit d’associations génétiques catastrophiques, il est tout juste possible qu’un infime talent conscient puisse devenir, par sélection, assez puissant pour être efficace… De là, les petits miracles authentiques des prêtres ; de là, la lignée que produisit la maison Léofric parmi ses esclaves, et la Faris.

Symétriquement, la capacité à empêcher les événements « miraculeux », à empêcher l’effondrement du front de vague sur quoi que ce soit sinon la réalité quotidienne la plus probable, pourrait également se manifester comme une mutation génétique spontanée ; de là, la nature de la lignée ducale en Bourgogne.

Mais que s’est-il passé après que tout eut changé ?

Je ne suis plus sûr de savoir, maintenant, pourquoi j’étais tellement convaincu qu’il devait subsister des traces des Machines sauvages, après une fracture dans l’histoire de l’univers telle que celle dont nous semblons voir ici les traces. Uniquement, je suppose, à cause de la question suivante…

S’il n’y avait pas eu de « noir miracle », nous ne verrions pas ces traces d’une fracture de l’histoire. Mais si les Machines sauvages ont forcé la Faris à provoquer la fracture et modifier la trame de l’univers, alors pourquoi n’y a-t-il aucune trace de leur survie ?

Si vous cherchez à effacer la race humaine de l’histoire, on peut supposer que vous tenez à être là par la suite pour en profiter !

Que s’est-il PASSE ?

— Pierce

Message n° 223

(Pierce Ratcliff)

Sujet : Cendres

Date : 17/12/00 03 : 10

De : Longman@

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Pierce –

Désolée, je ne devrais pas poster aux petites heures, je n’ai pas les idées claires, mais…

Si le site de Carthage et du golem messager sont ce que vous en dites, vous ne devriez pas dire : » Que s’est-il PASSE ?

Mais bien : qu’est-ce qu’il SE PASSE ENCORE ?

Qu’arrivera-t-il si vous survolez *à nouveau* le désert, disons : dans un mois ? Qu’allez-vous voir, *à ce moment-là* ?

— Anna

La dispersion des ténèbres
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